Immortelle de Toscane : de la terre au flacon, une immersion au cœur de la plante
- Rachel Dipinto

- 10 juil.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 juil.
En tant que praticienne de soins du visage et aromathérapeute, j’ai toujours eu un lien très fort avec les matières brutes et nobles. C’est à la fois une préférence sensorielle, une affinité personnelle ( je les tolère parfaitement, même sur ma peau sensible ) et une conviction profonde : il y a quelque chose de vivant dans ces matières premières.
Je reconnais que la cosmétique conventionnelle contient aussi de très bons produits, et parfois même de vraies pépites. Mais ce que je cherche, c’est le lien avec la matière première, la possibilité d’offrir une expérience sensorielle authentique, dans les soins du visage comme dans les soins corporels.
C’est dans cette quête que j’ai découvert l’un de mes coups de cœur : Immortelle de Toscane. Située à 600 mètres d’altitude, près de Sienne, cette entreprise familiale cultive, distille et transforme des plantes aromatiques dans un domaine d’une beauté rare. On y dort, on y respire, on y travaille… et surtout, on y vit la plante dans toutes ses dimensions.
À la tête de ce projet : Jérôme Glorie, un homme à l’apparence tranquille, presque bonhomme, mais qui cache une précision, une vision et une rigueur impressionnantes. Jerome est un artisan structuré, un homme de terre, de plantes, et de process. Il cultive, il extrait, il transforme. Il distille, puis crée des cosmétiques. C’est ce cycle complet et maîtrisé que j’ai trouvé fascinant. Une phrase pourrait résumer ce que j’ai ressenti : « De la graine à la peau,»
Ses filles participent activement à cette aventure. On sent chez elles, comme chez lui, un engagement sincère, une volonté de pérenniser un savoir-faire, et surtout un amour profond des plantes et de la terre. Cette atmosphère familiale et passionnée m’a profondément marquée.

Une immersion dans le labeur agricole : redonner sa juste valeur à l’huile essentielle
Si je me suis rendue en Toscane, ce n’est pas seulement pour observer, mais pour vivre. Vivre ce que représente réellement la fabrication d’une huile essentielle, du champ à la distillation, les pieds dans la terre, le corps en action. Ce choix, je l’ai fait par conviction : parce que je travaille avec des huiles essentielles au quotidien — et que j’estime essentiel de comprendre profondément ce que cela implique.
Aujourd’hui, l’aromathérapie a le vent en poupe, et la cosmétique maison fleurit. On stocke des huiles essentielles dans nos tiroirs, parfois jusqu’à les oublier, sans toujours mesurer la valeur humaine, agricole et artisanale qui se cache derrière chaque flacon. Ce que j’ai vécu m’a ramenée à une vérité : faire une huile essentielle est un travail exigeant et physique. Ce n’est pas un produit miracle tombé du ciel : c’est le fruit d’un cycle, d’un savoir-faire, et d’un lien profond à la terre.
Il ne s’agit pas ici de réserver les huiles essentielles à une élite, ni de juger leur démocratisation. Mais simplement d'inviter à une utilisation plus consciente et respectueuse. En fin d’article, je partagerai quelques pistes à ce sujet.
🌿 Les journées aux champs : rythme, chaleur, respect

Pendant ces quatre jours, j’ai vécu le quotidien des cueilleurs. Réveil à 5h15, petit déjeuner pour tenir le coup, puis départ aux champs à 6h. Les matinées s’étirent jusqu’à 12h30, parfois 13h, sous une chaleur qui devient vite écrasante dès 8h. Même si j’ai eu de la chance côté météo — un seul jour vraiment accablant —, la réalité du terrain est là : il faut de la volonté et de la force physique.
La récolte se fait encore à la main et avec l’aide mécanique, mais toujours avec minutie. Les cueilleurs et ceuilleuses qui m’entouraient étaient chaleureux, respectueux, engagés dans leur travail. L’après-midi est consacré au repos ( pour moi) , indispensable, avant parfois de repartir travailler en fin de journée, entre 18h et 21h.
La distillation : précision, chaleur, et savoir-faire
Dans la distillerie, j’ai été accompagnée par Yazmine, le bras droit de Jérôme Glorie, véritable cheffe d’orchestre de cette étape cruciale.

Le processus de distillation


· Lors de la distillation, on remplit l’alambic avec environ 250 kg de plantes fraîches, comme ici l’hélichryse italienne (immortelle).
· La distillation dure en plus ou moins 3 heures, selon la plante, sa densité, et les conditions du moment. Il faut attendre au moins 3 heures, cela permet d'extraire toutes les molécules. En effet certaines ne venant qu'après ce délais. Certains économisent " bâclent" la distilliation en 40 min.
· Une pression douce de 0,3 bar est utilisée. C’est un choix technique essentiel : à cette pression, la vapeur monte progressivement à travers la plante, permettant une extraction fine et respectueuse des composés les plus délicats. Une pression trop forte risquerait de dénaturer les molécules aromatiques les plus volatiles.
La vapeur, une fois chargée en principes actifs, passe ensuite par un circuit de refroidissement à eau froide. Ce choc thermique permet la condensation : on recueille alors deux phases distinctes dans ce qu’on appelle un vase florentin — l’huile essentielle et l’hydrolat.
Nettoyage, pureté, et conservation
Chaque distillation est suivie d’un nettoyage à la vapeur directe, à 120 °C, sans aucun produit chimique. Ce nettoyage à vide permet d’éliminer tous les résidus d’huile et d’hydrolat pour garantir la pureté du lot suivant.
L’hydrolat est ensuite filtré à l’aide d’un système de filtration en céramique, combinant quatre niveaux de filtrage, ce qui permet de retenir les impuretés tout en respectant la qualité du produit. Une injection d’azote est ensuite réalisée dans le bag-in-box pour protéger l’hydrolat de l’oxydation et prolonger sa conservation, sans ajout de conservateurs.
Une traçabilité exemplaire
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Enfin, chaque lot d’huile essentielle est soumis à une analyse chromatographique. Cela permet de :
· Connaître la composition chimique exacte de l’huile.
· Vérifier sa pureté, détecter d’éventuelles altérations ou contaminations.
· Assurer une traçabilité rigoureuse pour les professionnels comme pour les consommateurs exigeants.
Une subtilité précieuse : la bidistillation des hydrolats
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Dans une démarche de qualité encore plus poussée, certains hydrolats sont bidistillés. Ce procédé — bien plus rare dans l’artisanat — consiste à distiller une seconde fois l’hydrolat obtenu après la première extraction, et ce, pour deux raisons bien distinctes selon la plante.
· Pour l’immortelle (Helichrysum italicum), l’équipe a remarqué que l’hydrolat contient encore des traces significatives d’huile essentielle, certaines molécules aromatiques restant "piégées" dans la phase aqueuse. Une seconde distillation permet donc de libérer et concentrer ces principes actifs, rendant l’hydrolat encore plus puissant, plus aromatique, plus riche en bienfaits cutanés.
· Pour des plantes comme la mélisse (Melissa officinalis) ou la verveine odorante (Lippia citriodora), la bidistillation a un but opposé : ces hydrolats sont naturellement très riches en aldéhydes citriques (citral, néral…), des composés puissamment parfumés mais potentiellement irritants pour les peaux sensibles. La seconde distillation permet de réduire la concentration en aldéhydes, en s’appuyant sur leur forte volatilité. Le résultat est un hydrolat plus doux, mieux équilibré, sans perdre la signature olfactive de la plante.
C’est ce niveau de maîtrise technique et cette attention au profil biochimique précis de chaque espèce végétale qui font toute la différence chez Immortelle de Toscane. Rien n’est laissé au hasard : chaque geste est pensé pour respecter la plante, l’utilisateur, et la justesse du produit fini.
🌱 Vers un usage conscient des huiles essentielles
Après avoir vécu l’intensité du travail agricole, la précision de la distillation, la rigueur artisanale qu’il faut pour produire quelques millilitres d’huile essentielle… je ne peux plus regarder un flacon de la même manière. Et je crois qu’il est temps de repenser nos usages.
Les huiles essentielles sont des substances puissantes, rares, et fragiles. Elles sont issues de longues heures de labeur, de terre travaillée avec respect, de récoltes faites à la main, de distillations longues et minutieuses. Elles méritent que l’on s’en serve avec conscience.
Je le dis ici sans détour : utiliser des huiles essentielles dans les produits ménagers du quotidien est, selon moi, une forme de gaspillage.Certes, elles peuvent avoir un effet assainissant ou désinfectant ponctuel. Mais que reste-t-il, concrètement, lorsqu’on les verse dans un seau d’eau, dans une machine à laver ou dans des canalisations ?Leur action est éphémère, leur concentration diluée à l’extrême, et leur potentiel aromatique perdu dans l’égout.
Bien sûr, il peut y avoir des usages exceptionnels : pour une désinfection après une maladie, une infestation, un nettoyage de printemps, pourquoi pas. Mais dans la plupart des cas, il existe des alternatives bien plus simples, efficaces et cohérentes écologiquement.
En revanche, je reste totalement en faveur :
· de la diffusion atmosphérique (quand elle est bien faite, sans excès),
· de l’usage cosmétique ou cutané, à la bonne dilution et en connaissance de cause,
· de sprays textiles d’ambiance (en gardant à l’esprit leur volatilité naturelle),
· de leur place dans l’expérience sensorielle du soin, en institut ou à la maison.
Les huiles essentielles sont précieuses. Ce ne sont pas des gadgets. Elles méritent mieux que de finir rincées dans une machine. Mieux que d’être surdosées, mal stockées ou oubliées dans un placard.
Elles méritent un usage éclairé.
Et peut-être que ça commence par une seule question : est-ce que je respecte ce que ce flacon a coûté à la plante, à la terre, et à ceux qui l’ont produit ?

Découvrez Immortelle de Toscane
Leur boutique en ligne https://immortelledetoscane.com/le-shop/
Information sur le domaine : https://immortelledetoscane.com/a-propos/
Instagram : https://www.instagram.com/immortelle_de_toscane/




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